« Il faut produire 30.000 logements de plus par an »
Interview de JEAN-LUC BERHO - VICE-PRÉSIDENT DE L'UNION D'ÉCONOMIE SOCIALE POUR LE LOGEMENT (UESL) pour le quotidien Les Echos du 22 juillet 2008.
Quel est l'objectif poursuivi par les partenaires sociaux dans la négociation en cours sur le 1 % logement ?
Notre projet est d'arriver à produire 30.000 logements économiquement accessibles supplémentaires chaque année. C'est le point central de la crise actuelle du logement. L'offre est insuffisante dans le parc HLM mais pas seulement. Il faut aussi développer le parc privé conventionné ainsi que l'accession sociale à la propriété. Si toutes ces composantes ne sont pas prises en compte, l'exercice du droit au logement opposable, en vigueur depuis le début de l'année, risque d'avoir pour seul effet de déplacer les files d'attente.
Nous souhaitons d'abord agir sur la production de logements, en jouant sur la complémentarité des outils existants, notamment fiscaux, afin de cumuler tous les effets de levier possibles. Ensuite, nous préconisons une garantie du risque locatif généralisée, au moment où les professionnels de l'assurance essaient de limiter ce dispositif aux logements « très sociaux ». Le gouvernement n'a, hélas, pas le courage de prendre la décision qui s'impose, alors même que le président de la République s'est prononcé en faveur d'un système mutualisé. Enfin, nous voulons prendre des mesures, dans les HLM comme dans le parc privé, pour réduire la facture énergétique des personnes les plus modestes et pour soutenir la politique de rénovation des quartiers anciens en difficulté.
Le débat d'orientation budgétaire pour 2009 a confirmé, la semaine dernière, l'intention de l'Etat de prélever des sommes importantes sur le 1 % logement. Cela risque de mettre en péril les services que nous apportons aux salariés. Je n'appelle pas cela un projet de réforme.
Le contrôle du 1 % logement ne doit plus être juge et partie. Aujourd'hui, l'Agence nationale pour la participation des employeurs à l'effort de construction, l'Anpeec, remplit cette mission alors que siègent en son sein des représentants des collecteurs du 1 %, c'est-à-dire des structures susceptibles d'être contrôlées. Il faut externaliser cette tâche en la confiant, pourquoi pas, à des magistrats. D'une manière plus générale, il faut aller vers un paritarisme plus équilibré, pour en finir avec la présence léonine du Medef, qui dispose de la majorité des sièges dans toutes les instances.